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Fourrent jusqu’au retraict leurs satyriques nez.
Ils font les Rodomonts, les Rogers, les Bravaches,
Ils arboriseront2 quatre ou cinq cens pennaches
Au feste sourcilleux d’un chapeau de cocu,
Et n’ont pas dans la poche un demy quart d’escu.
Monsieur, vous plairoit-il me payer ? Il replique :
Je n’ay point de monnoye, au courtaud de boutique ;
Puis, pompeux, se braguant3 avecques majesté,



cune autre pièce parmi celles de l’Espadon qui pût s’accommoder aussi bien du titre inventé par le contrefacteur. Le Tableau des ambitieux, donné ici, est mis sur le compte de maistre Guillaume, le fou de cour (V. Caquets de l’accouchée, p. 263, note) ; c’étoit assez l’usage quand on ne vouloit pas endosser un mauvais écrit ou, comme ici, une mauvaise action. Tout l’office du bouffon étoit de vendre sur le Pont-Neuf la pièce dont on le faisoit responsable (V. Journal de l’Estoille, édit. du Panth. litt., t. 2, p. 405). Quelquefois on mit sous son nom des choses excellentes. La XIVe satire de Regnier, par exemple, parut d’abord avec ce titre : Satire de maître Guillaume contre ceux qui déclamoient contre le gouvernement. (Recueil A–Z, Q, 207.) Je ne sais si dans ce cas il y eut fraude, mais ici elle est évidente, par le soin même qu’on a pris pour la cacher. Afin de donner à la pièce l’apparence d’une chose nouvelle et tromper au moins le premier coup-d’œil du lecteur, on l’a tronquée au commencement et à la fin. Les quatre premiers vers et les quatre derniers de la satire de d’Esternod ont été enlevés. Voici les premiers :

De tant de cavaliers qui vont avec des bottes
À faute de soliers, et non faute de crottes ;
De tant qui vont de pied à faute de chevaux,
Cavaliers, postillons, non faute d’animaux.

2. Arborer.

3. Faisant le braguard, le beau, le pimpant.