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J’aime pourtant assez le rondeau, le sonnet ;
J’y trouve de l’esprit, et lis un bon portrait

Avec quelque plaisir. Et vous, que vous en semble ?

CLIMÈNE.

Lorsque vous le voudrez nous en lirons ensemble ;
Mais ce n’est pas mon goust, et je m’y connois mal,
Ou vous aimeriez mieux lire un beau madrigal.

MASCARILLE.

Vous avez le goust fin. Nous nous meslons d’en faire.
Je vous en veux lire un qui vous pourra bien plaire :
——--Il est joly, sans vanité,
——--Et dans le caractère tendre.
——--Nous autres gens de qualité
——--Nous savons tout sans rien apprendre.
Vous allez en juger, ecoutez seulement.

Madrigal de Mascarille.

——--Ho ! ho ! je n’y prenois pas garde :
Alors que sans songer à mal je vous regarde,
Vostre œil en tapinois me derobe mon cœur.
Ô voleur ! ô voleur ! ô voleur ! ô voleur17 !



17. Il avoit couru dans le commencement du siècle, et peut-être couroit-il encore, une chanson dont Molière a bien pu s’inspirer pour ce burlesque madrigal. La voici telle que nous l’avons trouvée dans la Fleur des chansons nouvelles, Paris, 1614, in-12, p. 385 :

Ah ! je le voy, je le voy ;
Arrestez-le, mes amis.