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Veut servir par la mort le vœu de sa misère.
Arrestez, luy dit-il, objet rempli d’apas !
Puisque vous prononcez l’arrest de mon trepas,
Je vous veux obeyr ; mais aprenez, cruelle,
——--Que vous perdez dedans ce jour
——--L’adorateur le plus fidelle

Qui jamais ait senty le pouvoir de l’amour.

VII.

——--Une ame se trouve attendrie
Par ces ardens soupir et ces tendres discours ;
On se fait un effort pour lui rendre la vie,
De ce torrent de pleurs on fait cesser le cours,
Et d’un charmant objet la puissance suprême
Rappelle du trepas par un seul : Je vous aime.

Voilà comme il faut aimer, poursuit cette sçavante fille, et ce sont des reigles dont en bonne galanterie l’on ne peut jamais se dispenser. Le père fut si espouventé de ces nouvelles maximes qu’il s’enfuit, en protestant qu’il estoit bien aisé d’aimer du temps qu’il faisoit l’amour à sa femme, et que ces filles estoient folles avec leurs reigles. Sitost qu’il fut sorty, la suivante vint dire à ses maistresses qu’un laquais demandoit à leur parler. Si vous pouviez concevoir, Madame, combien ce mot de laquais est rude pour des oreilles precieuses, nos heroïnes vous feroient pitié. Elles firent un grand cry, et, regardant cette petite creature avec mepris : Mal-aprise ! luy dirent-elles, ne sçavez-vous pas que cet officier se nomme un necessaire ? La reprimande faite, le necessaire entra, qui dit aux Precieuses que le marquis de Mascarille, son maistre, envoyoit sçavoir s’il ne les