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Si tost qu’ils furent sortis, nos precieuses se regardèrent l’une l’autre, et Philimène, rompant la première le silence, s’écria avec toutes les marques d’un grand etonnement :

——--Quoy ! ces gens nous offrent leurs vœux !
——--Ha ! ma chère, quels amoureux !


longueurs, après la première représentation. Cette dernière opinion me sourit assez. Il y a en effet, dans la scène esquissée ici, une idée comique, un contraste de situation avec l’une des scènes suivantes, qui ne devoient pas échapper à l’auteur des Précieuses, et que madame de Villedieu n’étoit guère de force à imaginer toute seule. Je ne trouve qu’un défaut à cette scène : c’est que, en raison surtout de celle qu’elle amène ensuite, et qu’elle rend presque nécessaire, elle allonge trop la pièce et la rend languissante. Molière, en admettant toujours que l’idée soit de lui, aura vu le défaut dès le premier soir, et il aura changé tout aussitôt son plan. Madame de Villedieu cependant, et sur cette seule représentation, aura écrit sa lettre, l’aura laissée courir, et, quand il aura été question de la publier, ne lui aura fait subir aucun des changements que Molière avoit faits lui-même à sa comédie ; elle s’en sera tenue à la petite phrase d’excuse plutôt que d’explication qui se trouve dans la préface. Je ne trouve guère que ce moyen de m’édifier à peu près sur cette différence, la seule qui existe réellement entre la pièce et le Recit, dont pour tout le reste l’exactitude est parfaite, souvent même textuelle. Malheureusement les preuves me manquent ; mais il seroit à désirer que j’eusse deviné juste : nous aurions un nouvel exemple des transformations que la plupart des comédies de Molière subirent entre ses mains. Une autre version seroit peut-être encore admissible. Pour expliquer les divergences de l’analyse et de la pièce, on pourroit se demander si Molière n’avoit pas fait pour les Précieuses ce qu’il fit pour toutes ses premières pièces, c’est-