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lune, dont plusieurs pauvres gens seront dolents d’estre frustrés du nombre d’or. La conjonction de Jupiter avec Venus durant l’année presante, 1619, promet une certaine pluye d’or amenée dans les nues du costé du Peru, qui doit tumber aux bources de quelques cupides avaritieux, lesquels souffriront les peynes que justement ils auront merité, et cognoistront à la fin que chacun doit demeurer en paix : Et que ben sta non si mova.

Venus, en la huictiesme, la pluspart du printemps promet qu’une bonne partie des femmes et filles joueront plustot à l’homme1 qu’au vingt-quatre ; aussi les bastellières donneront plus de coups de cul et remuement de fesses pour un liard que les courtisannes de Paris ne feroyent pour dix escus : Rencontro di dona, captiva fortuna.

La temperature des saisons et temps, durant ces six années, sera si bonne et propre pour les biens de la terre, que nous aurons grandes abondances de bleds, vins, fruicts, legumes et bestail, et generalement de tout ce qui est pour la nourriture de l’hom-


1. Le jeu de l’hombre, mot qui, en espagnol, veut dire homme. On a fait sur ce jeu et sur les termes qu’on y emploie plus d’une équivoque du genre de celle qui se trouve ici. On lit, par exemple, ces six vers, dans une des lettres de Boursault (t. 2, p. 76).

——--Une fille jolie et de condition,
De qui le jeu de l’hombre est l’inclination
S’écrioit l’autre jour d’une voix assez forte :
Eh ! mon Dieu ! que je joue avec peu d’agrément !
——--Quoy, faut-il qu’éternellement
——--Rien ne m’entre en ce que je porte !