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raison deprimé, me persuadant que la longueur du temps auroit faict appaiser la colère et animositè qu’icelle Samaritaine et autres noz ennemis avoient conceu contre moy, et ayant eu advis que tous les cabaretiers et taverniers soustenoient nostre party, à cause que prenez et acceptez plustost de leur marchandise que de toute autre, je pris resolution de m’en retourner par deçà ; ayant faict la quelle entreprise et desjà faict une grande partie du chemin, quatre du nombre des Quinze-Vingtz me rencontrèrent, m’aians apperceu et recogneu de loing, les quelz disoient me cercher et avoir lettres à moy adressantes et escriptes de la part de la Samaritaine, qu’ils me baillèrent, les quelles ne pouvant lire, un d’iceulx m’en fit lecture, par les quelles icelle Samaritaine s’accusoit de perfidie et recognoissoit mon innocence, me priant de venir reprendre ma place auprès et au dessus d’elle, m’exprimant les accidents à elle survenus depuis mon absence, et entre autres, comme l’eau de son puits avoit esté saisie, et arrestée fort longtemps au mois de janvier dernier, en sorte qu’elle n’en pouvoit tirer et avoir aucune goutte6, lequel arrest elle estimoit avoir esté faict à ma requeste. Ayant entendu la lecture des quelles lettres, je fus saisi d’une telle allegresse que j’ou-


6. Boisrobert, dans sa charmante pièce l’Hyver de Paris, nous parle ainsi de la Samaritaine, gelée par les grands froids :

La Samaritaine, enrhumée,
N’a plus sa voix accoutumée ;
Sa cruche, pleine jusqu’au fond,
Ne verse plus d’eau sur le pont.