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craincte qu’il ne se desseiche par trop, quittans à cest effect leurs domicilles, où ilz pourroient faire pareil travail et arrousement de gousier, vous estes contrainctz de faire le dict changement à fin de n’estre inquietez en si honorable exercice, tous les quels troubles et perturbations vous estoient causés par le moyen de mon absence, qu’estimiés debvoir durer jusques aux kalandes grecques prochaines.Tellement que mon retour vous affranchira de telles inquietudes et apportera une grande joye et contantement non seullement à vous, mais aussi à plusieurs marchans qui tiennent leurs boutiques et vendent leurs marchandises sur le dit Pont-Neuf, comme vendeurs d’allumettes, arracheurs de dents, crieurs de poudre pour faire mourir les rats et les souris, venderesses d’herbes, et aultres marchans de semblable ou plus grande qualité, mesmes à messieurs les couppeurs de bourses2, qui me sont desjà venus veoir pour tesmoigner l’aise qu’ils ont de mon restablissement et la perte qu’ils ont encourue par mon absence, me prians de ne leur estre contraire, et que, quand je les verray exercer leur mestier, je n’en dise mot ; ce que je leur ay promis, et en recompence m’ont donné asseurance de ne jamais coupper les vostres, du moings celles qui vous touchent de plus près. En sorte que je recognois mon retour estre applaudi d’un chacun, voyant la grande multi-


2. Les voleurs étoient toujours nombreux autour de la Samaritaine, à cause des bons coups qu’ils pouvoient faire dans la foule des badauds attirés là par les clochettes du Jacquemard mis ici en scène. V. notre t. 3, p. 147, note.