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du chasteau de Mesnil. Ils se trouvoient fort empeschés sur le moyen de parvenir à luy parler, parce qu’ils n’estoient pas asseurez qu’elle fut audict chasteau, et ils craignoient la fureur de M. Basseville, d’autant que la fille perdue luy avoit esté refusée pour femme, et mesme qu’il y avoit longtemps qu’on ne l’avoit veu frequenter la maison de M. Guyot, comme ils pensoient.

Et fortune voulut qu’ils se fussent levez encore plus matin qu’eux, car ils venoientde l’eglise espouser sa fiancée, et estoit le chasteau tant plein de noblesse que c’estoit merveille à ouyr le bruict du monde et la musique quy retentissoit dedans, du costé de M. de Basseville, quy l’assistoient. Au mesme instant sortit du chasteau l’homme de chambre de M. de Basseville, quy trouva ces seigneurs à la porte, et leur demanda ce qu’ils demandoient. Ils luy respondirent qu’ils vouloient parler à mademoiselle Ysabeau, qui estoit en ceste maison. Ce qu’entendant, l’homme de chambre de la mariée, en souspirant, respondit ouy. Incontinent il monta en haut, où il les trouva qui parloient de leurs amours. Incontinent, Monsieur luy demande ce qu’il luy vouloit dire ; et fut suivy ledict homme de chambre de plusieurs seigneurs quy montèrent avec luy pour entendre quy estoient ceux quy attendoient à la porte du chasteau.

Alors il commença à dire : Monsieur, il y a nombre d’honnestes gens à cheval quy demandent mademoiselle Ysabeau, et quy sont venus expressement pour luy parler. Se sentant blessée de la faute qu’elle avoit faicte, alors la demoiselle, entendant ces parol-