Alors il envoye par toutes les maisons de la ville là où elle avoit coustume de frequenter, en quoy n’en entendirent aucune nouvelle ; s’en revient vers monsieur Guyot, leur maistre, et luy dict qu’elle ne la trouvoit point et que personne ne l’a veu aujourd’huy.
Je vous demande en quel état doit être un père à tel accident qui arrive. Bref, voilà monsieur Guyot quy se met à crier d’une voix si pitoyable que tous les assistans en ploroient. Helas ! mon Dieu ! ma fille Ysabeau est perdue ! Et il s’evanouit à l’instant. On eut grand peine à le remettre ; les servantes, d’ailleurs, se mirent à crier : Hélas ! mes amis ! mademoiselle Ysabeau est perdue ! nous ne la saurions treuver. Incontinent la maison fut pleine de monde, de ses voisins et parens qui entrèrent, faisans plusieurs signes de regrets, demandant : Mon Dieu ! y a-t-il longtemps que vous ne l’avez veue ? Les servantes repondirent : Depuis dix heures du matin. Voyant que Monsieur estoit fort triste du regret de sa fille, ses parens ne savoient que dyre ni de quel costé tirer. Neanmoings, monsieur Guillouard et monsieur de Bordes, oncle de la fille, et plusieurs autres de ses parens, se depescherent d’envoyer des hommes après elle pour chercher de ses nouvelles ; de quoy on partit au nombre de dix, tant à pied qu’à cheval, lesquels sejournèrent environ huict journées. Voyant qu’ils n’en apprenoient aucune nouvelle, ils s’en revinrent les uns après les autres, disant qu’ils n’en avoient point ouy de nouvelles. Ses pauvres parens, de plus en plus fort tristes, et principalement monsieur Guyot, lequel se mit à faire une petite re-