le moyen de la pouvoir avoir, et estoit en grand’ peine comment il en pourroit venir à bout.
La fortune veut qu’il rencontre un marchand verrier quy venoit de la ville de Sainct-Lô, auquel il conta sa fortune et l’amitié qu’il portoit à cette jeune demoiselle, lequel estoit fort en peine comme il pourroit trouver le moyen de la voir, d’autant qu’il ne’pouvoit frequenter la maison de son père si souvent qu’il avoit de coustume, à cause de la colère qu’il avoit ; en quoy le verrier commence à s’enquester du capitaine de Basseville quy estoit sa maistresse, et luy respondit que c’estoit la fille de M. Guiot.
Le verrier luy respond qu’il venoit de son logis, et qu’il avoit parlé à elle-mesme, qu’il luy avoit vendu des verres et luy avoit promis d’y retourner de près. Le capitaine Basseville luy dit alors que, s’il luy vouloit faire un plaisir, qu’il regardât qu’il luy donneroit, et luy dire le jour qu’il y retourneroit.
Alors le verrier luy respond que, si c’estoit chose qu’il peut faire, qu’il ne s’y refuseroit pas, et chose de quoy il peut venir à bout. Lors le capitaine luy dict : Ne pourrions-nous point trouver le moyen et subtilité de la sortir de la maison de son père ?
Le verrier luy respondit : Ouy, moyant2 qu’il y voulut consentir. Pour moy, je prendray bien ma raffle3 et la porteray dans le logis de M. Guiot ce-
2. Pour moyennant.
3. Espèce de hotte ou de grand panier dans laquelle le verrier portoit sa marchandise. On n’appelle plus ainsi qu’une sorte de filet.