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Beaux esprits à quy les faveurs
D’Amour et du Ciel sont données,
Puissiez-vous avec cest honneur
Parachever vos destinées !

Finissant ensemble vos ans
Unis d’une amour mutuelle,
De vostre amitié immortelle
S’engendreront de beaux enfans.

Voicy des parolles, mais non telles qu’on les donne en cour ; pures, simples, dont l’art sans fard est le lustre manifeste et l’ornement principal. À la verité, mon desseing estoit de le marquer en mon esprit, non de les donner en public pour la vanité. Le los1 ne s’acquière à si bons petits traits ; mais, regarde le pouvoir des beautez, quy a forcé mon ame à cest entreprise, et tu jugeras que mon obeissance ne pouvoit refuser à faire le contenu de ce present discours.

Comme je vous veux raconter d’un vaillant guerrier nommé le capitaine Basseville, lequel, traitant l’amour d’une jeune demoiselle, fille de M. Guiot, bourgeois de la ville de Sainct-Lô, en Normandie, ministre et pasteur de l’Église reformée, luy ayant traité l’amour l’espace d’un an et demy, ne treuvant


1. Los, louange. Ce mot, qui est purement latin, avec une différence d’orthographe, est l’un de ceux que regrettoit le plus Ménage.