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vendre cinquante fois un pucelage. Les changemens de bourgeoises en demoiselles et de demoiselles en villageoises ne sont plus de saison. Les garces du puits Certain3 ne seront plus femmes de secretaires au puits de Rome4, et celles du faubourg Saint Germain ne feront plus de pelerinage à Charenton pour tenter les braguettes reformées. Que celles-là sont heureuses quy de bonne heure, ayant pris l’essor aux extremitez des fauxbourgs, s’estoient accoustumées aux aspretés du soleil et à se retirer dans les masures et cavernes5 en temps froid et pluvieux ! Elles n’auront pas à combattre les rigueurs auxquelles elles se sont endurcies. Tant de faces plastrées auront bien plus à souffrir. Quelle peine à tant de visages nourris à l’ombre, à tant de corps qui ne cheminoient que sur les fesses ! Encore si la verole et ses avant-coureurs n’avoient point miné nostre vigueur, si nos forces estoient entières, il y auroit esperance de faire


3. V. une note de notre édition du Roman bourgeois, p. 222–223, sur la situation de ce puits banal au mont Saint-Hilaire.

4. Il étoit très loin du Puits-Certain, à l’extrémité de la rue Frépillon. On en retrouve un souvenir dans le nom du cul-de-sac de Rome, qui dépend de la même rue. Une vieille enseigne placée près de la rue des Gravilliers représente encore ce puits de Rome.

5. Les carrières servoient, en effet, de refuges aux filles, alors nombreuses dans le faubourg Montmartre, et surtout dans le faubourg Saint-Jacques. Le nom argotique de pierreuses leur en étoit venu. Dès le XVIe siècle, les mauvais garçons s’étoient donné les mêmes repaires. V. notre brochure les Lanternes, etc., page 17.