Page:Variétés Tome III.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vestuz à l’avantage, incognus pour marchands, ou sur le pont Neuf, devisant d’affaires65 sur le palmail66, communicquant avec un chacun : si c’est un peuple docte, ils escoutent les leçons publiques ; s’ils sont devocieux, ils frequentent mille belles eglises, escoutant infinis bons predicateurs quy, tous les jours, preschent en quelque lieu où on faict feste.

Si le roy est à Paris, ils prennent plaisir à voir une académie remplie de jeune noblesse instruicte à picquer, tirer des armes, à combattre à la barrière, à la bague, et à mille autres exercices qui font honte à ceux quy, pour les sçavoir, quitteroient la France, et occuperoient l’Italie.

Des Batiments et du Plaisir des champs.

Les ignorants et ceux quy ne penètrent point assez avant à la cognoissance de toutes choses disent que les hommes du temps passé estoient aussi riches avec leur peu, comme nous avec notre abondance. Je le nie, car leur contentement estoit borné par force, d’autant


65. Celles de l’État n’y étoient pas oubliées. Tous s’en mêloient, jusqu’au savetier. « Quand le savetier a gagné, par son travail du matin, de quoi se donner un oignon pour le reste du jour, il prend sa longue épée, sa petite cotille et son grand manteau noir, et s’en va sur la place décider des intérêts d’Etat. » (Entretiens du Diable boiteux et du diable borgne, p. 26.)

66. Le mail du quai des Ormes, près les Célestins. Celui