Page:Variétés Tome III.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et leurs plus grandes desbauches, c’estoit que le jour du caresme prenant ils mettoyent une chemise breneuse avec une bosse devant et derrière, un masque de papier, du son à la main pour jeter à tous venants.

Chetiveté miserable, de laquelle on se mocque, pour ce que l’on vit plus honorablement cent fois à present.

Qu’est-ce qu’un marchand à present ? Se voit-il rien de plus honorable ? Il n’est plus reconnu que par ses grands biens. Vestu d’un habit de soye, manteau de pluche33, communicquant sur la place de grandes affaires avec toutes sortes d’estrangers, traficquant en parlant et devisant d’un trafic secret, plein de gain, d’industrie et de hazard inconnu à l’antiquité, et quy se rendra commun à la posterité.

Et du bourgeois de Paris, qu’en peut-on dire ? Quand l’Ecriture parle de l’excellence de l’homme, elle dict qu’il est creé un peu moindre que les anges ; et moy je dis du bourgeois qu’il n’est que un peu moindre que la noblesse, et si je disois egal, je ne sçay si je faillerois, veu que la noblesse, à present, se joint et s’annexe par alliance avec luy, en telle sorte que ce n’est qu’un corps, une parante, une bource, une alliance, une consanguinité quy fait perdre ceste qualité de bourgeois pour la changer en noble.

Et leurs femmes, en quelle comparaison les peut-



33. V., sur cette mode des manteaux de pluche au commencement du XVIIe siècle, Francion, p. 219.