Page:Variétés Tome III.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais avec tant de violence,
Que c’est un fort grand coup de chance
Qu’ils ne furent pas ajustez
Comme chair à petits pastez.
La mareschalle, epouventée,
Fut un peu trop près visitée :
Un chacun la vint saluer,
Non pas sans plusieurs coups ruer,
Et luy faire une reverence
Qui luy deplut, comme je pense :
Car, sans qu’elle le treuvast bon,
On la deschargea d’un manchon,
Pendant que les pauvres suivantes
Se laissoient foüiller dans leurs fentes,
Et ne gagnoient rien à crier
À haute voix, à plein gozier,
Les meschans ayant peu d’envie
De leur sauver bagues ny vie.
Or les anneaux on fricassa,
Et la vie on ne leur laissa
Qu’après que leur beau corps d’albastre
Eust esté battu comme plastre.
La populace, après cela,
N’en voulut pas demeurer là :
De mesme qu’un hidre feroce,
Elle deschira le carrosse ;
Le cuir n’eut aucune mercy ;
Les essieux sautèrent aussy,
Et les deux rideaux d’escarlatte
Tombèrent encor souz sa pate.
Les chevaux eurent du bon-heur,
Car on les mit en lieu d’honneur