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Vous auriez eu bien à souffrir.
Branquas, qui n’est pas une beste,
Ne fut jamais à telle feste
Qu’il se vit, un certain mardy,
Sur le Pont-Neuf, après midy,
Encore qu’il soit pour la Fronde,
Comme il le jure à tout le monde.
Il entendit crier bien fort :
Assomme ! il en veut à Beaufort.
Lors, estourdy d’un : Tue ! tue !
Il sent que sur luy l’on se rue ;
Il perd de ses cheveux dorez ;
Il voit ses habits deschirez,
Et, s’il n’eust bien dit : Ouy et voire,
On l’auroit contraint de trop boire.
Toutes fois, pour leur peine encor,
Il donna quelques louys d’or :
Si bien, pour seureté plus grande,
Que le battu paya l’amende ;
Encor ne fut-il pas fasché
D’en estre quitte à ce marché3.



dans une chambre voisine, bien servie, bien couchée et bien nourrie, et qu’on ne savoit pas d’où pouvoit procéder cette merveille. Nous sûmes alors que la reine seule avoit fait cette belle action, et, quand nous lui en parlâmes, elle ne voulut pas nous écouter. Et l’histoire finit ainsi. » (Mémoires de Mme de Motteville, coll. Michaud, 2e série, X, 422.)

3. Cette vive algarade faite à M. de Bramas eut lieu, en effet, sur le Pont-Neuf, dans la semaine de Pâques 1652, au moment où tout ce qu’il y avoit de noblesse dans Paris se rendoit au devant de M. le Prince, qui revenoit après sa victoire de Bleneau. Brancas ne fut pas le seul maltraité : la