Page:Variétés Tome III.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pareil remède sur les veaux et autres espèces de vivres, lesquels ne voyent à peine la lumière par la friandise de ce temps.

Je voudrois faire defenses aux marchands de bled residans à Paris de serrer du grain dans Paris outre leur provision : car ils enlèvent le bled de deux ou trois marchés à bas pris pour vous le vendre puis après cherement. Je portois un jour à monsieur Criton du pain de la hale, et il montroit une oraison grecque à ses escoliers, escripte contre des marchands traficquans en bled, residans à Athènes10, de la qualité susdicte ; et les dits escoliers, à cause que je portois du pain, ils me prenoient pour l’un de ces monopolistes, et me vouloient lapider ; et si le dit sieur ne fut venu, leur donnant à entendre que je n’estois marchand blatié grec11, c’estoit faict de Guillaume de la Porte ! Il sera bien fin qui me fera vivre avec ces toques de malice !



10. Ce discours est celui de Lysias contre les marchands de blé. V., sur cette très intéressante oraison, le livre d’Auguste Bœckh, Économie politique des Athéniens, trad. par Laligant, t. 1, p. 138–141.

11. Les blastiers étoient ces marchands qui alloient acheter du blé dans les greniers de la campagne et qui le revendoient aux marchés des villes. Il y avoit à Paris une communauté de marchands blastiers sous saint Louis, qui leur donna des statuts. (Traité de la police, t. 2, liv. 5, ch. 2.) Plus tard, leur commerce déchut, et ils ne furent plus considérés que comme simples regrattiers et grainiers. (Id., t. 6, liv. 5.) On agita même la question de l’utilité de leur commerce, et l’on fut sur le point de le défendre. (Id., Ibid.)