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joignant deux, trois, plus ou moins, se transporteroient ausdits lieux et feroient achapt de leur necessité, et à l’instant feroient tuer leur mouton ou plusieurs, moyennant trois ou quatre sols qu’ils donneroient à des compagnons bouchers, qui seroient bien aises de faire ce profict. En après, le mouton pesé, l’on regarderoit la montance de chaque livre, et chacun puis après prendroit sa provision. C’est un mesnage qui se faict en plusieurs endroits de l’Europe, sur lequel vous faictes le tiers de profict. Je le sçay par experience. Ma mère Guillemette me disoit bien qu’en voyant le monde on voit du pays, et qu’à ne voir que des charbons on ne cognoist que des tisons.

Or, d’autant que l’abondance est la mère de vilité, je voudrois, pour y parvenir, faire defences de tuer des aigneaux, sur peine du fouet9, despuis le premier jour de janvier jusques au dernier juillet. Vous faictes, en ce faisant, profiter les troupeaux, accroistre les fumiers des laboureurs, qui s’abonissent par la fiante de ces animauls, qui par après multiplient les grains à foison par l’amendement que l’on faict aux soles et jachères. Vous empeschés les bergers de vendre les dits agneaux : vous retranchez la perte des troupeaux que l’on donne à moitié.



9. Charles IX en 1563, Henri III en 1577, avoient fait défense de vendre la chair des agneaux ; mais leurs ordonnances ne furent pas exécutées, et il fallut les faire revivre en 1714, après beaucoup de réclamations du genre de celle qu’on formule ici.