Page:Variétés Tome III.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Des Rois et de la Noblesse.

Je n’oserois mettre par escript ce quy se void par ces anciens comptes de la maison des rois, de leur argenterie, du miroitement de leurs vestemens, de leur despense pour la bouche et de leurs dons et liberalitez, car on ne le pourroit croire ; il seroit pourtant necessaire pour faire ma preuve. Non, je le tairay : je ne veux reciter que ce que l’histoire m’enseigne.

Par l’histoire comme est decrite, je contemple ces vieux gentilhommes gauloys, armés de toutes pièces, leurs chevaux chargez de caparaçons, le tout à l’espreuve de toutes armes offensives, quy, avec le petit braquemart2 à leurs costés, s’en alloient affronter quelque païs estranger où les peuples, timides de voir tant d’hommes de fer, fuyoient leur presence. C’est ce que je trouve avoir été le plus grand subject d’acquerir et de faire parler les histoires.

Tout au contraire en nostre temps nous avons une noblesse allègre, hardie, combattant à la mode, la picque ou l’espée au poing, legerement vestus, sans autre couverture que leur habit ordinaire ; mal-


2. Tout le monde sait ce qu’étoit cette sorte d’épée courte et à large lame, dont le nom, selon Fauchet, n’est que les mots grecs βραχεία μαχαίρα francisé ; mais ce qu’on sait moins, c’est que le diminutif du mot braquemart étoit braquet, que nous trouvons dans Francion, 1673, in-8, p. 299, et qui, sauf une très légère altération, est encore le nom donné au sabre de nos soldats d’infanterie.