Par qui les intestins sont enfin consumez,
Donnent à mes attraits de merveilleuses forces.
J’ay par tout du renom, hormis chez les infames
Dont l’orgueil s’est armé des cornes du croissant,
Qui, pour me tesmoigner un cœur mesconnoissant,
Sont traistres à leurs corps aussi bien qu’à leurs ames.
Je triomphe en ces jours qui rameinent les festes
De ce folastre Dieu que l’on feint deux fois né,
Qui, ne portant qu’un dard de pampre environné,
Fit voir aux Indiens ses premières conquestes.
Je n’ay pas moins d’honneur lors que la canicule,
Respandant ses brasiers jusqu’aux lieux plus secrets,
Fait que Diane sue aux plus fraisches forests,
Et craint que Cupidon, s’y glissant, ne la brûle.
Alors mes bons amis prennent beaucoup de peines
Pour eloigner de moy les rayons du soleil,
Et, pensans m’obliger d’un plaisir nonpareil,
Ils me font un beau lict du cristal des fonteines.
Flotant autour de moy, cet element m’agrée,
Mais je souffre à regret qu’il penetre au dedans,
Parce qu’il rompt la pointe à mes bouillons ardans,
Dont un cœur abatu s’eveille et se recrée.
Sa froideur, me privant de chaleur naturelle,
Prive mes nourrissons de mes riches douceurs,
Qui ravissent la gloire au ruisseau des neuf sœurs
En eschauffant l’esprit d’une fureur plus belle.
Mais, quand les intestins, debiles ou malades,
Se sentent menacez de quelques maux sanglans,
Pour moderer le dieu que je porte en mes flancs,
On me contraint par fois d’admettre les nayades.