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La Chasse au vieil grognard de l’antiquité.
1622. In-8.

C’est trop nous reprocher l’antiquité : nous ne faisons, n’operons, ne disons aucune chose que l’on ne nous mette devant les yeux : « J’ay veu le temps… Nos anciens faisoyent… » Comme s’ils avoyent esté plus sages, plus sçavans, plus vaillans, plus modestes, plus riches et mieux morigenez que nous ! Ces reproches ne nous ont pas tant attristé qu’ils ont esté le subject de nous faire estudier, songer, anquester, lire, pour faire la comparaison du vieux temps au nostre ; et tant plus j’ay vouleu penetrer avant pour en cognoistre la verité, tant plus j’ay eu du subject de me resjouir, recognoissant le contraire de ses reproches.

Pour ce faire, j’ay commencé par les rois, quy est la chose la plus haulte, et suis descendu aux actions des peuples mesmes de plus basse condition dont j’ay eu la cognoissance, soit par la lecture des livres, ou par la frequentation des vieux, où j’ay trouvé et appris que l’antiquité estoit une valeur sans conduitte, une simplicité ignorante, un default de pouvoir, une chetreuse richesse, une resjouissance mesquine et un contentement vil.