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Encore qu’il ne soit autre qu’un jeune sot,
Qui de latin ny grec n’ait veu jamais un mot,
Qui n’ait jamais rien fait que tenir des requestes,
Hanter les cabarets et faire force debtes.
Et si quelqu’un prononce ainsi comme il escript,
Quand de France il seroit le plus galand esprit,
Qui auroit employé sa jeunesse à apprendre,
Sans s’exercer à rien dont on l’ait peu reprendre,
Il sera bafoüé de quelque jeune veau
Qui ne prisera rien que ce qui est nouveau.
Bref, il faut observer, qui veut paroistre en France,
Au parler aussi bien qu’aux habits l’inconstance.
Mais pendant que je vay discourant avec toy,
La court pour mon absence est en un grand esmoy.
À Dieu ! je m’en vay voir s’il faut que je reforme
Quelque chose aux habits qui paroisse difforme ;
Je voy les courtisans desjà las de porter
Les façons que je viens de te representer.
Les passemens dorez reviendront en lumière ;
Je m’en vay les remettre en leur vogue première.
Les marchands se faschoient de voir si longuement
Demeurer dans leur coffre un si beau passement :
Il faut les contenter, et que ceste richesse
Serve de parement à toute la noblesse.
—-Si tost que ceste dame eust cessé de parler,
Soudain s’esvanouit comme fait un esclair,
Et moy, tout estonné, plus longtemps ne sejourne ;
Mais dedans ma maison soudain je m’en retourne,
Jugeant bien à par moy que c’estoit verité

De ce qu’elle m’avoit jusqu’icy recité37.



37. Dans l’édition qu’a reproduite M. Cassaigne la pièce se termine par les mots : À Dieu.