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Car une dame n’est pas bien accommodée
Si son vertugadin n’est large une coudée.
Les cottes de taftas ont beaucoup de credit ;
La bourgeoise s’en sert, sans aucun contredit,
Aussi communement qu’elle faisoit naguère
De drap et camelot, son estoffe ordinaire :
Car jadis celles qui damoiselles n’estoient
Aux cottes ny taftas ny damas ne portoient.
Le burail estoit lors l’estoffe plus commune
À celles qui avoient à leur gré la fortune ;
Mais desjà, quand je dis commune, je n’entends
Dire l’estoffe dont elle usoit en tout temps.
Non, ce n’est pas ainsi comme je le veux prendre,
C’est mon intention autrement de l’entendre :
Je dis les cotillons qui plus en vogue estoient,
Et lesquels seulement les plus riches portoient,
Au lieu du taffetas dont à present chacune,
Soit qu’elle ait favorable ou contraire fortune,
Orgueilleuse se sert, enrichy bravement,
À l’entour, de six rangs de large passement,
Voire, mais du damas que j’avois en mon ame
Designé de garder pour l’habit de la dame,
Qui est contrainte avoir la robe de velours,
Et d’autres de damas et de taftas dessous,
Des bourgeoises en ce seulement dissemblable,
Jaçoit bien qu’elle porte une estoffe semblable.
Pour une cotte qu’a la femme du bourgeois,
La dame en a sur soy l’une sur l’autre trois,
Que toutes elle fait esgalement paroistre,
Et par là se fait plus que bourgeoise cognoistre.
À leur bas l’une et l’autre aime fort l’incarna,
La bourgeoise l’estame, et si la dame n’a