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Si le premier ne passe une paulme la teste ;
Elle a pour ses rabas ses fraizes eschangé,
Dont elle avoit jadis tousjours le col chargé
Quand elle desiroit avoir belle apparence,
Ou à quelque festin, ou bien à quelque dance ;
Et lors il n’y avoit que celles qui estoient
D’une condition honneste qui portoient
Deux colets joincts ensemble avec doubles dentelles,
Et les estimoit-on à demy damoiselles.
L’on ne parloit alors sinon de celles-là
Qui avoient à l’entour du col ces colets-là.
Les voilà maintenant laissez aux artisannes,
Et je croy que bien tost aux pauvres paysannes
La volonté viendra de s’en servir aussi,
Et d’en couvrir leur col de halle tout noircy.
La femme du bourgeois, qui aime l’inconstance
Pour le moins tout autant que la dame de France,
Pour se couvrir le sein la façon a appris
D’user de points couppez ou ouvrages de pris,
Et non d’avoir le haut de la robe fermée
Comme elle avoit jadis de faire accoustumée,
Et comme font encor beaucoup de nations,
Où je ne fais pas tant qu’icy d’inventions ;
Mais les dames, au moins pour la pluspart, n’ont cure
D’avoir en cest endroit aucune couverture :
Elles aiment bien mieux avoir le sein ouvert
Et plus de la moitié du tetin descouvert28.



28. Parmi les poésies qui accompagnent l’Adonis, tragédie de Guillaume Le Breton, Nivernois, Paris, Ab. L’Angelier, 1597, p. in-12, s’en trouve une qui a pour titre : Paradoxe que les femmes doivent marcher avec le sein découvert. « Chouse, est-il dit aussi