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Aux façons des bourgeois de la terre Idumée4.
Après, j’ay faict couper ces cheveux qui pendoient
Et jusques au milieu de leur dos descendoient,
Et avec le trenchant mis bas leur chevelure,
Qui peu auparavant leur servoit de parure.
Mille fois j’ay changé le blondissant coton
Que l’avril de leurs ans leur fait croistre au menton ;
Fait leur barbe tantost longue, tantost fourchuë,
Tantost large ; à present on la prise pointuë5 ;
C’est celle maintenant dont plus de cas on fait,
Qui ne la porte ainsi n’est pas homme bien fait ;
Non plus que l’on ne peut estre de bonne grace
Si l’on n’a aux sourcils relevé la moustasse6 ;



4. Les Juifs portoient toujours les cheveux pendants.

5. Ce fut la mode jusqu’au jour où Louis XIII, s’étant ingéré du métier de barbier barbant, « coupa, dit Tallemant, la barbe à tous les officiers de sa maison, et ne leur laissa qu’un petit toupet au menton. » Richelieu, à qui l’on ne faisoit pas si facilemant la barbe, conserva seul la royale pointue. Une chanson faite alors, et conservée par Tallemant, disoit :

—-Helas ! ma pauvre barbe,
Qu’est-ce qui t’a faite ainsi ?
—-C’est le grand roi Louis
—-Treizième de ce nom,
Qui toute a ebarbé sa maison.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Laissons la barbe en pointe
Au cousin de Richelieu,
—-Car, par la vertudieu !
—-Ce seroit trop oser
Que de la lui pretendre raser.

Tallemant, Historiettes, édit. in-12, t. 3, p. 68.

6. C’étoient ces moustaches en croc ou recroquillées en cerceau dont se moque Naudé dans le Mascurat, p. 187. La mode en venoit des Espagnols. Les courtisans s’en faisoient gloire :