Page:Variétés Tome III.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et pourtraict, incite et excite le grand Dieu et les anges à prendre la raison de sa faute ; faute non, mais forfaict, mais horrible crime, mais sacrilége, mais parricide, mais execration abominable et abomination execrable. Et combien qu’ailleurs le grand Dieu marche lentement à la punition du crime, et se contente de s’eclater d’autant plus asprement sur les testes criminelles, reparant par la pesanteur du suplice les delais de la justice trop tardive, si est-ce qu’en ce regard elle ne veut prester à usure, et veut le principal et l’interest presque sur-le-champ. Les escritures, tant sacrées que profanes, ne sont peintes que de ces sanglants discours ; la justice n’a les oreilles journellement batues d’autres plaintes, et les roües et potences ne sont accravantées1 que du poids de ces charongnes. Mais ce qui rend ce crime de violement plus detestable, c’est qu’il met le criminel tellement au delà de toute crainte de Dieu et de tous mouvemens et ressentimens d’humanité, qu’il veut laver sa faute avec des crimes plus enormes et detestables. Voilà comme, voulant fuir la justice, il s’y presente ; voulant enterrer sa faute, il la faict saillir en lumière, et, la voulant supprimer, il la fait parler et crier plus haut vengeance au ciel. Il n’est icy question de fouiller les escrits anciens ou modernes pour preuve, veu qu’il ne faut que les rues et carrefours de Paris pour en faire la leçon aux plus ignorans et grossiers. Aussi ne veux-je toucher qu’un seul de ces forfaicts, perpetré à Mets


1. Accablées par le poids. (Dict. de Furetière.) C’étoit, au XVIIe siècle, un mot très suranné.