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Le juge qui n’a qu’une oreille,
Celuy qui dit : à la pareille ;
Le regent qui ne fesse pas,
Valets trop long-temps au repas,
Laquets cheminans des machoires,
Tabeillions sans escritoires,
Le receveur qui s’apauvrit,
Le financier qui s’enrichit,
Le poète qui tient de la Lune,
Le chantre qui tient de Saturne25,
Le barguigneur26 Mercurial,
Le contemplatif jovial,
Les enucques qui veulent frire,
Coquus qui veulent d’autres rire,
Bègues qui veulent discourir,
Les boiteux qui veulent courir,
Aveugles jugeant du visible,
Savetiers qui lisent la Bible27,



25. C’est-à-dire qui dévore tout ce qu’il trouve.

26. Le mot barguigneur ou barquineur, qui, comme le verbe dont il est le dérivé, venoit d’une métaphore empruntée au jeu de l’oie (voy. Biblioth. de l’école des chartes, 2e série, t. 2, p. 304), signifioit marchander à outrance. Il étoit ancien dans la langue. (V. Ducatiana, t. 2, p. 458–459.) Parmi les ordonnances que Monteil possédoit manuscrites, il s’en trouvoit une du XVe siècle sur la taxe du blé, par laquelle défense est faite aux barguigneurs de barguigner, c’est-à-dire de marchander avant l’ouverture du marché. V. Monteil, Traité des matériaux manuscrits, t. 2, p. 306–307.

27. La profession très méditative des cordonniers, qui produit aujourd’hui tant de socialistes et envoie tant de recrues en Icarie, avoit fourni alors un grand nombre d’adep-