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Vieux fleaux de quoy l’on ne bat plus,
Vieilles brayettes, vieilles bragues10,
Fourreaux crevez et molles dagues ;
Vieilles caisses et vieux cabas,
Viel estalage, vieux haras.
Videz, sortez, vieille antiquaille ;
Vous ne servez de rien qui vaille.
Ballayons encor fermement
Ces revendeurs d’entendement
De memoire artificielle11,



10. Hauts-de-chausses à l’ancienne mode, qui avoient fait donner aux beaux de l’autre siècle le nom de braguards. Dans le patois gascon, ce mot désigne le pis d’une vache.

11. Depuis le milieu du XVIe siècle, les inventeurs de mnémonique avoient été nombreux. Sous François Ier, Giulio Camillo Delminio ne demandoit que trois mois pour rendre un homme capable de traiter en latin quelque matière que ce fût, avec une éloquence toute cicéronienne. Il reçut du roi trois cents écus pour rédiger son invention en principes, ce qu’il n’exécuta qu’imparfaitement dans ses deux petits traités : Idea del teatro et Discorso in materia di esso teatro. Étienne Dolet, dans ses lettres et dans ses poésies, parle de lui comme d’un escroc dont le roi avoit été la dupe. Sous Louis XIII, autre système : on apprit la grammaire à Gaston d’Orléans à l’aide d’une méthode qui mettoit en action noms, adjectifs, adverbes, etc., et en faisoit comme autant de régiments, de bataillons, s’accordant ou guerroyant entre eux. (V. de Meyer, Galerie du XVIe siècle, t. 2, p. 177.) Un peu plus tard, Sivestius, chanoine de Louvain, enseignoit l’espagnol en huit jours au vice-chancelier d’Anne d’Autriche, et en dix au P. Oliva, à Rome. Il s’en vante, du moins, dans une lettre écrite en 1671, et conservée à Mons dans la correspondance de Arnould Lewaitte. V. Nouv. arch. histor. des Pays-Bas, t. 6, p. 444.