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s’en allèrent cacher à Beauvais. Cela fait, monsieur le coquilbert entra aussi secretement comme une souris, et le receut le capitaine la Rue avec tant d’amitié que rien plus ; et après les acolades et bienvenues faites, allèrent boire chez le père Valenson ; mais partout il y a du malheur et du peril, comme dit le saint apôtre : car une meschante mousche, qui estoit en sentinelle, fut presque cause de ruiner les coquilberts, et en fut le père Louvet19 adverti ; tellement que la paix qui avoit esté si longtemps entre les coquilberts et les mouches fut rompue.

Louvet lève une compagnie nouvelle de mousches bovynes, picquantes et ardentes ; il envoie commissions de tous costez, Poupart de çà, Poupart de là, Benard à pied, Benard à cheval, les gardes renforcées à toutes les portes, tellement que jamais la guerre des Guelphes et Gibelins ni fit œuvre pareille. On avoit desjà le pied dans l’estrier pour donner le combat, les petites collations estoient cordées, et les coquilberts, estonnez comme fondeurs de cloches, ne savoient à quel sainct se vouer ; l’on fait plusieurs assemblées, le conseil se tient par plusieurs fois ; enfin monsieur du Pied-Fourché20 envoye à madame de la Douane la republique de la nouvelle imposition ; envoya ambassadeur à messieurs de la Marée et de la Draperie ;


19. C’est « ce grand fermier Louvet » dont il est parlé dans la première journée des Caquets de l’Accouchée. (V. notre édition, p. 40–41.) Il n’en est nulle part ailleurs parlé aussi longuement qu’ici.

20. Le pied fourché étoit la ferme d’un impôt établi aux portes de quelques villes sur les animaux ayant, comme le bœuf, le mouton, le porc, la chèvre, le pied fourché.