Page:Variétés Tome III.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À tous passez, presens et à venir, salut. Ayant remarqué que le plus sûr moïen de maintenir nostre monarchie bachique estoit d’establir en differons endroicts de nostre empire des ordres composés de plusieurs sortes de dignités, pour recompenser ceux de nos sujets quy auront esté les plus fidèles et les plus attachés aux interests de nostre trongne vineuse, afin qu’en leur donnant par ce moyen esperance d’estre un jour recompensés sur des services qu’il nous auront rendus, nous puissions les exciter à la pratique de la vertu, qui se trouve parmi les pots et les verres, que nous avons toujours possedez à un si sublime degré :

À ces causes, ayant fait mettre cette affaire en deliberation sur nostre table, après avoir bien bu en la compagnie de nostre ancien amy l’ivrogne Silène et les bacchantes, nos chères nourrices, de leurs advis et de leurs consentemens, nous avons creé, estably, creons et establissons par ces presentes, perpetuelles et irrevocables, un ordre general sous le tiltre de l’ordre du Tonneau3, que nous voulons reserver à notre personne ; d’un chancelier, d’un secretaire, de quatre commandeurs et de quatre chan-


3. Nous n’avons pas trouvé d’autres traces de cet ordre bachique, constitué, sans doute, comme celui de la Grappe, que Damas de Gravaison établit à Arles à la fin du XVIIe siècle, et dont les statuts et ordonnances furent publiés en 1697, in-12. On peut trouver, dans le Glossaire du Rabelais de l’Aulnaye, la liste des ordres bachiques institués du XVIe au XVIIIe siècle, et dont l’ordre de la Boisson, fondé en 1700 à Avignon par de Pesquière, fut l’un des plus célèbres.