Page:Variétés Tome III.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Mes confrères, il est à-propos de faire un bon reglement pour l’etablissement de nos affaires ; je voy que de jour à jour nostre nombre diminue, et que le plus souvent les nouveaux receus, pour ne sçavoir l’art de la vollerie, sont troussez en malle4, et sont conduits à Mon-faucon, pour là faire la sentinelle et faire des cabriolles en l’air. Je suis d’advis, pourveu que me prestiez l’espaule, de nous exempter de cet affront, et laisser, si nous pouvons, les eschelles en leurs places, sans aller attaquer ou prendre le ciel par escalade. » Tous les coupeurs de bourses, grands et petits, trouvèrent l’advis très bon et approuvèrent son conseil, desirans infiniment d’estre exempts d’un tas de coups de baston qui greslent quelquefois sur leurs espaules.

« Premierement, dit-il (ce qui est bien difficile à faire), il faudroit que nous puissions faire revivre le legislateur Lycurgue, afin de persuader aux François que le larcin est une très bonne chose, et qu’on le doit permettre pour deniaiser le monde ; toutesfois, puisque les machoires luy sont tombées, et que le pauvre hère ne peut plus parler, je feray mes ordonnances au mieux qu’il me sera possible. »



4. On disoit d’un homme mort en peu de temps qu’il avoit été troussé en malle. (Dict. de Furetière.) L’expression être vite troussé en est restée.