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le prestre en l’autel estoit le Roy des rois ; et, par tel attentat, il le tentoit à ce qu’il se fist paroistre.

Ce qui a frappé d’un second estonnement ceux qui ont connu ledit laquais est qu’ils l’avoient tousjours cy-devant reconnu pour bon et devot catholique en apparence, et l’avoient vu frequenter la sainte communion, et regulierement les premiers dimanches des mois.

Les plus judicieux, qui fondent toutes les considerations qui peuvent eschoir sur ce sujet avec le dioptre de la raison et perspicacité de leur jugement, avoüent qu’il faudroit avoir fait vœu d’ignorance pour ne connoistre cette verité, que la raison fait evidemment juger aux capables qu’il n’y a pas de plus notable folie au monde que de ramener les choses de la foy à la mesure de nostre capacité.

Puis que ce sont des abismes que nos esprits ne sçauroient sonder, mais demeurent si fort estonnez dès l’entrée, qu’ils chancellent et s’esgarent ainsi que les yeux de ceux qui sont sur le bord d’un precipice ou abisme effroyable, dont nous devons estimer le presomptueux qui croira penetrer ces hauts mystères estre enveloppé dans une ignorance invincible plustost qu’esclairé du flambeau d’une deuë connoissance, puis qu’il croit reduire cette infinie grandeur à sa petite portée. Que si quelqu’un, après avoir admiré la toute-puissance de l’autheur des choses admirables, sent des rayons esclatter dessus ses esprits pour y penetrer plus avant que le commun, il faut croire que c’est un pur effet de la grace de celuy qui est le père de lumière, dont on ne peut rien voir qu’en luy et par luy.