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Lors, pensant amolir ceste divinité,
Il change sa laideur et sa diformité,
Et prend nouvelle forme, ainsi que fit Protée ;

Mais la nature, en luy plus puissante que l’art,
Ne se put pas cacher soubs la forme empruntée,
Car tousjours à la queue on cognut le regnart.

Sur une Cheute causée par un bellier.

Sonnet.

Transporté de plaisir comme un valet de feste,
Ou comme un qui s’employe à forger un cocu,
Je pensois à Cloris, de qui l’œil m’a vaincu,
M’estimant trop heureux de vivre en sa conqueste,

Lorsque dans l’Arcenal une puissante beste,
Qui n’a pour mon malheur que trop long-temps vescu,
Me vint publiquement planter dedans le cu
Ce qu’en secret je plante aux autres sur la teste.

Lycandre, que devins-je à ce puissant effort !
Soudain je tombe à terre estourdy, demy-mort,
Ruminant en mon cœur mes sainctes patenostres.

Alors dit un passant, riant de mon ennuy :
Faut-il qu’un coup de corne ait fait mourir celuy
Qui par des coups de corne en fit naistre tant d’autres !