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de 26 à 27 ans, et qui a demeuré quatorze ou quinze ans au service de son maistre sans qu’il ait jamais donné soubçon d’heresie ou impieté aucune. Lorsqu’il assistoit à la messe (son maistre ayant une maison proche de là) vers les sept heures du matin, et que le prestre qui celebroit, après la consecration, vint à elever le très sainct et très auguste corps de Nostre Seigneur Jesus-Christ, ce laquais, qui estoit à genoux, se leva, et, avec une main sacrilége, vint au point de l’elevation à arracher la saincte hostie des mains du prestre qui celebroit, et les assistants, y accourans, l’ont retirée de ses mains sans qu’elle soit rompuë ny pliée ; et, pour si horrible et detestable action, fust aussitost apprehendé. Pendant ce temps, le prestre, qui estoit ravy d’un estonnement qui le rendoit insensible, comme en extase pour un si abominable attentat, revenant à soy, reprit le precieux Corps de Nostre Seigneur, en fit sa communion et acheva sa messe. Le sainct sacrifice parachevé, l’on mit ordre à faire conduire cet abominable à Paris, dans un carrosse, accompagné du curé et de son vicaire et d’autres paroissiens, et est en coffre dans les prisons avant qu’il y ait esté consigné. Lorsque, comme par compassion, il fut interrogé de quelques uns de sa connoissance comment, de qui et pourquoy il avoit esté induit et poussé à commettre cest autant horrible qu’abominable crime, il a respondu que c’estoit la curiosité de sçavoir et de reconnoistre si celuy que monstroit


meille. Nous tenons ce fait de M. Chéron, qui prépare une histoire de la commune de Sannois.