Page:Variétés Tome III.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chacune leur prix, nos marchands pourroient gagner reciproquement sur les marchandises estrangères, comme celles qu’ils auroient fabriquées, et, ce faisant, le tout seroit reduit à meilleure condition, et ne se verroit des banqueroutes si ordinaires34.

Mais, Sire, vostre royaume auroit beau estre le plus beau, le plus fertile et le plus opulent de l’Univers (ainsi que veritablement il est), si les François (vos sujets) ne remettent en valleur les travaux dans les manufactures, et d’employer eux-mesmes les biens que Dieu leur donne.

Pour ce faire, il est donc très-necessaire de nous passer de tout ce que nous prenons des estrangers, et les faire fabriquer et manufacturer parmy nous, ayant (comme dit est) les ouvriers et les matières en abondance dans vos provinces pour ce faire. Ce faisant, on employra le pauvre peuple, et le profit de leur employ les retirera de la grande pauvreté qu’ils souffrent, et leur donnera les moyens de subvenir à leurs necessitez.

Soubs le bon plaisir de Vostre Majesté, l’on establira dans les principales villes et autres lieux de vostre royaume des bureaux et maisons communes pour y faire travailler continuellement dans les manufactures, et commencer à celles qui nous sont plus utiles, employer en icelles nos laines et les soyes que nous peuvent fournir les provinces de


34. Laffemas avoit déjà parlé, dans son Recueil présenté au roi… (1604), § 20, des moyens à prendre contre « les frauduleuses banqueroutes qui se font et desseingnent si communement aujourd’hui par la France. »