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dans les provinces de vostre royaume quantité de lins et chanvres plus commodement que dans la Flandre et Pays Bas.

Pour les ouvrages et passemens, tant de point-couppé19 qu’autres, dont l’excessive despence, ainsi que dit est, a porté judicieusement Vostre Majesté, pour oster le cours d’icelle (dont la despence pouvoit avec le temps incommoder plusieurs familles20),


bien que nous en ayons les lins et autres principales étoffes abondamment en France plus que lesdits estrangers, qui les viennent prendre et achepter de nous pour les nous remettre manufacturés incontinent après, et y gagnent le quadruple et plus ; ce qui ne procède que de la seule industrie de les blanchir, façonner et polir. Mais il s’est trouvé deux riches marchandz qui ont entrepris de les faire filer, manufacturer, blanchir et façonner dans les faubourgs de la ville de Rouen, en telle quantité qu’ils en fourniront la France. Leurs memoires et propositions out esté examinés et deliberés en la compagnie desditz sieurs commissaires par commandement et renvoy à eux faict par Sa Majesté. Ils en ont donné leur advis soubz le bon plaisir de sa dite Majesté, duquel ils espèrent qu’il parviendra un grand tresor à la France quand il sera executé. » (Recueil présenté au roi… § 24.)

19. C’étoient des passements de fil très délicatement travaillés et fort chers, pour lesquels nous étions encore tributaires de la Flandre. (P. Paris, Manuscrits françois de la Biblioth. du roi, t. 4, p. 379.)

20. Laffemas (Règlement général, etc.) évalue à huit cent mille écus la dépense annuelle de ces passements de toutes sortes, des bas de soie, etc. Montchrestien l’estime plus d’un million. (Traicté d’œconomie polit., 1re partie, p. 102.)