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chamois14, qui sont tous bons et de meilleur service que ceux qui nous viennent d’Allemagne et autres lieux15.

D’autre part, le Limosin et le pays de Forest sont plus que suffisants à fournir vostre royaume de toutes sortes de quincaillerie aussi belles, bonnes et bien faictes que l’on nous sçauroit apporter. Les Espagnols (meilleurs mesnagers que nous), pour trouver le bon marché, se viennent fournir de quincaillerie en ces deux provinces, pour porter aux Indes et autres lieux16.

La Flandre, avec grand profit qu’elle gaigne sur nous par la vente de ses tapisseries, peintures, toilles, ouvrages et passements, dans lesquels il se fait une excessive despence (à quoy Vostre Majesté


14. Ce n’est pas seulement à Poitiers, mais aussi à Niort, qu’on faisoit d’excellents chamois. V. Savary, Dict. du commerce, à ce mot.

15. Laffemas le fils se plaint fort de ce que les cuirs de France « ont esté alterez de leur bonté. » Montchrestien s’en montre plus satisfait : « J’oubliois à parler de la tannerie, dit-il, art aussi necessaire que commun, lequel, pour le grand profit qu’il apporte, ne seroit point demeuré entier, comme il a fait jusqu’à present, en la main des François, si ceux qui l’exercent n’en avoient retenu, principalement dans les principales villes, la propriété libre et franche par le moyen de leurs exactes visitations sur les apprests des cuirs estrangers. » (Loc. cit., p. 107.)

16. Les Espagnols emportoient des cargaisons de cette quincaillerie du Forez, dont le bon marché fut toujours proverbial, pour faire des échanges avec les nègres du Sénégal et des côtes d’Afrique.