de Germanie, qui a fait de meilleures rodomontades en douze lignes de sa lettre que le non pareil don Pietro de Toledo19, ou le duc d’Aussonne20, en toute leur vie. Je loüe grandement son courage, car il n’en manque jamais, et son zèle au service du roy doit excuser l’essor de sa plume, qu’on ne doit pas pour cela tant rongner au Palais, comme certains Aristarques font, qui glosent sur la glose d’Orleans21. Si ces rongneurs et gloseurs ordinaires venoient ainsi corriger les actions des serviteurs du roy sur le pont Neuf, ils ne s’en retourneroient pas sans beste vendre, et seroient endossez comme les mandemens de l’Espagne : car il y a d’ordinaire une trouppe de Provençaux, frezez comme les testons de Lorraine, qui font corps de garde du costé de l’isle du Palais, et
19. D. Pedro Manriquez, connétable de Castille, qui, en allant en Flandre, s’arrêta quelque temps à Paris, où il se rendit ridicule par son faste et ses fanfaronnades. (V. Œconomies de Sully, 2e part., chap. 26 ; Mathieu, Hist. de Henri IV, t. 2, p. 292.) Ce passage de D. Pèdre, qui eut lieu à la fin de 1603, fit si bien événement, qu’un proverbe en resta, dont Régnier a fait un vers. L’un des personnages de sa 10e satire dit :
Si don Pèdre est venu, qu’il s’en peut retourner.
20. C’est le fameux D. Pedro Tellez y Gyron, duc d’Ossuna, qui fit tant parler de lui, de 1610 à 1621, comme vice-roi de Sicile, puis comme vice-roi de Naples, et surtout au sujet de la conjuration des Espagnols contre Venise, pour laquelle le marquis de Bedmar ne fut que son instrument. Tallemant a beaucoup parlé du duc d’Ossone.
21. C’est-à-dire commentent le commentaire, tirent le fin du fin. On sait le dicton : « C’est la glose d’Orléans, plus forte que le texte. »