Page:Variétés Tome II.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

ordonnons que pendant qu’ils pousseront leur fortune dans la dicte brèche, l’artillerie jourra tousjours vigoureusement, vistement et vivement, jusques à ce que la ville soit totalement rendue, auquel cas sera seulement sonné la retraite ; et sur tout inhibons à tous coüarts de s’exposer à tels hazards, sur peine d’estre dicts niaiz.

34. Et par ce qu’il n’y a pas moindre peine et industrie à conserver qu’à conquerir, voire que l’on ne doibt faire aucun estat d’une conqueste, qui n’employe puis après son entendement et estude à la conservation du conquis, voulons que, la ville estant prise, elle soit bien deuëment et diligemment envitaillée.

35. Aussi qu’elle soit encourtinée de tous costez de fortes murailles, ramparts, scarpes et contrescarpes ; et y aura ordinairement gens exprès, lesquels, pour éviter les eschauguettes32 et embuches de l’ennemy, feront sentinelle jour et nuit. Au demeurant, enjoignons qu’il n’y ait si petite forteresse qui ne soit pour le moins flanquée de deux bastions, que les ingénieurs appellent ordinairement coüillons, qui se mireront l’un l’autre, sur lesquels sera l’artillerie braquée, preste à jouer, si le temps et la necessité le requièrent. Toutefois ne voulons plus qu’ès forteresses on y face des faulses braves ; et si le soldat a besoin de confort, le pourra aller chercher chez ses voisins.




32. Pour espionnages. L’échauguette étoit proprement la tourelle où étoit assise la guette, c’est-à-dire la personne chargée de faire le guet.