rien dit contre le vol et la vente des ornements et vases sacrés. Le duc d’Anjou auroit peut-être craint, en se montrant sévère sous ce rapport, de donner un démenti indirect aux ordres que, dès le commencement de la guerre, le roi son frère avoit envoyés à certains gouverneurs de province, pour qu’ils eussent à s’entendre avec les évêques et autres gens d’église sur l’argent à tirer de ces saintes richesses. Mon ami M. Anatole de Montaiglon veut bien me communiquer à ce sujet une lettre adressée en 1562 par Charles IX à M. de Matignon, et dont il a pris copie d’après l’original conservé à Rouen, dans la collection Leber. (V. Catal., no 5735.)
« Monsieur de Matignon, ce m’a été un grand desplaisir d’entendre que les choses de la Basse-Normandie commencent à se brouiller si fort que je l’ay veu par vostre lettre du ixe de ce moys, et entendu encore plus particulièrement par ce que le porteur m’en a dict de vostre part, ne faisant point de doubte que le feu qui va ainsi saultant de lieu en lieu et de ville en ville ne procède de plus loin, et que ce ne soyt à la suscitation ou par un complot faict et accordé avec ceux qui ont commencé les premiers. Et pour ce que je considère bien qu’il ne vous est pas possible de pourveoir ne pareillement de contenir longtemps les villes de ces pays-là en mon obéissance sans quelque force, je ne sçauroys que bien fort louer l’ouverture que vous me faictes d’en faire fournir la despense sans que je mecte la main à ma bourse, laquelle, comme vous sçavés, n’est que trop chargée d’ailleurs, estant bien d’advis, quant à laditte force, que vous la faictes d’une cornette de cent harquebuziers à cheval, si mieulx vous n’aymez cc. harquebuziers à pied, dont je vous remet le choix et l’election. Mais il faut que, au même temps que vous les ferez lever, vous accordez avec les evesques du pays et aultres gens d’eglise du paiement de leur solde, pour lequel effect je ne trouveray poinct mauvais qu’ils s’aydent de l’argenterie des châsses et reli-