Page:Variétés Tome I.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

che qu’il se pourra trouver : voylà la gloire et l’immortalité des choses petites. Entre les oyseaux, l’on se plaist à nourrir un tarin, un rossignol, un serin, un lynot, un pinçon, un passereau, un chardonneret, un verdier, une alloüette et autres petits animaux plaisans à la veue et à l’ouye. Il semble que la cour de nos princes sembleroit nüe et sans ornemens si elle ne s’accommodoit d’un pigmée, d’un nain, d’un mysantrope prodigieux et contrefaict, tant l’esprit de l’homme est agité de divers appetits changeans et variables ! Voyons ce quatrain fait sur l’un des plus petits frantaupins de l’Europe :

La doubleure d’une baguette
Dessoubz la peau d’une belette
Suffit pour luy faire en tout point
Le bas, la trousse et le pourpoint7.

Il est à suposer que ce petit botiné estoit bastant de s’embarquer vers le nord pour boire du fleuve Strymon, en despit des grües ennemyes maistresses de ce rivage. Attendant mieux, soustenez et cherissez


7. Ce quatrain rappelle les nombreuses facéties et chansons qui furent faites au XVIe siècle contre la milice si promptement discréditée des Francs-Taupins. La plus curieuse chanson sur ce sujet se trouve dans le recueil Maurepas, avec son refrain :

Deriron, vignette sur vignon.

M. L. de Lincy l’a aussi donnée dans ses Chants historiques du XVIe siècle, mais c’est Le Duchat qui l’imprima le premier, dans sa note sur le passage de Rabelais ayant trait à « Bon Joan, capitaine des Franc-Topins. » (Liv. I, ch. 35.)