Page:Variétés Tome I.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res qui ne sont pas ce qu’ils veulent en ce monde, et ausquels, par une subtilité extraordinaire, on coupe la broche de leurs desseins. Il est question qu’un certain marchand de Paris desiroit s’allier en bon lieu, et donner sa fille en mariage à gens de son calibre, où il y avoit du fonds ; et toutesfois, pour avoir permis à cette fille la communication et fréquentation d’un advocaceau qui la visitoit et la langueoit souvent, le père n’a sceu faire condescendre sa fille à ce mariage : si bien que, de cholère, le père luy dit que jamais il ne parleroit de la marier ; pour à quoy remedier par la fille et l’advocat, après une consultation secrette, la fille a laissé aller le chat au fromage si souvent, que l’on s’est apperceu qu’il falloit r’eslargir sa robbe, qui a esté le subject que, pour ne point descrier la maison, le marchand luy-mesme a esté le postulant pour avoir l’advocat, qu’il refusoit auparavant ; et l’advocat, faisant semblant de le mepriser, a eu du bien avec la fille beaucoup plus qu’il n’avoit volonté de donner, et ont esté mariez secrettement ; et si on a accouché avant terme d’un roussin qui a queue, crin et oreille. À ceste cause, je demande que l’antiquité soit restablie, et qu’il ne soit pas permis de faire communiquer les filles avec les jeunes hommes que le jour de leurs accordailles.

— Où sont les gens du roy, Bourguignon et Gouffé ? Qu’ils concluent.

— Monsieur le lieutenant, ils sont empeschez à la chambre civile à faire leurs affaires. Vous pouvez juger sans eux.

— Escrivez, greffier :