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Car tout incontinent que Son Altesse eut esté advertie de la prise du dit chasteau et fort de Ripaille, à l’heure mesme se delibera de dresser ses forces, et manda Monsieur le grand lieutenant general de son armée, lequel s’achemina à grande diligence, accompagné et assisté de quatre mille Piedmontois, deux mille de la val d’Oste et de trois mille Espaignols, soustenus de deux mille cavaliers italiens, joint un regiment de Bourguignons : de sorte que le tout se pouvoit bien monter jusques à dix-huict mille hommes.

Et s’estant, par le vouloir du bon Dieu, le prince zelé et magnanime en peu de jours joint à son lieutenant general, sans aucun sejour s’achemina droit au chasteau de Terny7 (qui est distant de la ville de Genève d’une lieue ou environ), lequel fort ayant industrieusement assiegé, le fit sommer environ le quatorziesme jour de juin ; mais, nonobstant ceste première sommation, les assiegez ne firent aucun estat d’obtemperer aux volontez du dict prince.

Après l’advertissement fait à Son Altesse de la contumacité, refus et rebellion des luteriens, se delibera et fut d’advis d’y envoyer nombre suffisant


7. « Le duc mesme vint en personne, avec deux gros canons et quatre pièces de campagne, devant le chasteau de Terny, qui n’estoit qu’une tour antique non flanquée, et seulement avec une muraille fort épaisse..... Les assiegez se rendirent, sur la promesse qu’on leur fit de leur laisser la vie sauve ; mais, nonobstant cela, estant sortis, ils furent garottez et penduz par ordre du duc, quoy que ceux de sa suite lui en representassent la consequence. » Id., pag. 77–78.