juſqu'au mois de Mai ; elle s'altère vers ce temps, devient verte ; se pourrit, & n'eſt bonne à rien.
C'est ſans doute un malheur, que l’humidité qui eſt inhérente à cette plante, & dont il eſt impoſſible de la priver, même lorſqu'elle eſt réduite en Farine, à moins qu'on ne lui faſſe éprouver une chaleur qui va preſque juſqu'à la cuiſſon, la rende incapable, ſuivant le Guide du Fermier, de fermenter, & par conſéquent, de faire du Pain ; c'eſt, diſons-nous, un malheur, que cette humidité prive les Pauvres pendant la moitié de l’année, de la reſſource que fourniſſent ces racines ; mais cette raiſon ne les rend pas plus à craindre, que tous les fruits qui ſont dans le même cas. Les plus délicieux ne ſont-ils pas la plupart ſujets à une pourriture prompte ? Eſt-il aliment qui ſe putréfie plus vite que la chair des animaux ?
Enfin, Meſſieurs, nous ne ſommes point touchés de l’autorité de Daniel Lang-hans, que l’Auteur de la Lettre traite de célèbre Médecin Suiſſe ; la manière dont il s'exprime, ſuffit ſeule pour la faire rejetter, puiſqu'il n'y a qu'un Médecin peu inſtruit, qui puiſſe avancer que les écrouelles ſont extrêmement rares dans les Pays où l'on ne connoît point les Pommes de terre. Vous ſavez, Meſſieurs, qu'elles ſont communes à Paris, ſur-tout parmi les gens que la pauvreté met hors d'état de ſe procurer des alimens d'une bonne qualité ; & cependant il y a peu d'années que les Pommes de terre ſe voient dans nos Marchés aſſez communément, pour dire qu'elles ſont partie de la nourriture du Peuple.
D'ailleurs, l’autorité de ce Médecin, ne peut l’emporter sur celle de Mrs. Gevigland & Sallin, tous deux Médecins de la Paroiſſe de Saint Roch, & deux de vos Commiſſaires ; ils vous répètent ici ce qu'ils vous ont déjà certifié de vive voix, & qu'ils avoient précédemment ſcellé de leur ſignature, dans une Brochure imprimée, dans laquelle on publie la manière dont on prépare le Riz économique pour les Pauvres de cette Paroisse ; on voit qu'il y entre les trois cinquièmes de Pommes de terre; &