qu'il faut fouiller tout le terrein à un pied de profondeur, pour en tirer les Pommes, au lieu que ſelon la méthode Allemande il n'eſt queſtion que de gratter avec un crochet ou avec une fourche, de droite & de gauche, le ſillon qui a été élevé par le réchauffement. La récolte s'en fait plus facilement, & il en reſte beaucoup moins en terre ; ce qui eſt de grande conſidération, car elles nuiraient autant que des mauvaiſes herbes, aux productions de l’année ſuivante.
L'utilité des Pommes de terre eſt généralement reconnue dans tous les Pays que j'ai cités ; elles ſervent également à la nourriture des hommes & des beſtiaux, & un Cultivateur aimerait mieux voir manquer toute autre récolte. Les pauvres en mangent par néceſſité, & les riches par goût. J'en ai vu servir en Allemagne, aſſaiſſonnées de différentes façons, ſur la table des Princes, où l’on aurait dédaigné de ſervir des Fèves ou d'autres légumes ſemblables, tant les uſages, les opinions & les goûts ſont différents parmi les hommes.
Il n'y a point de Militaire qui ne ſache combien ce légume a puiſſamment contribué à la ſubſiſtance de nos Armées en Allemagne. Les Soldats & même les Officiers en mangeoient dans leurs ſoupes, & apprêtées de différentes façons. Il n'y avoit guere de feux aux Gardes de nos Armées, où les Soldats n'en fiſſent cuire pour les manger toute la nuit. La preuve la plus certaine que ce légume est ſain & de facile digeſtion, c'eſt que, malgré les excès qu'ils en faiſoient, ils n'en étoient point incommodés,
Dans les Pays où l’on cultive les Pommes de terre, ceux des Habitants qui ne ſont point en état de ſe procurer d'autres nourritures, les mangent cuites dans l’eau ou dans les cendres chaudes ; d'autres les aſſaiſonnent avec du beurre ou du laitage ; ceux qui peuvent avoir de la viande, ſur-tout du lard, les font cuire enſemble après les avoir pelées, & pour lors on en fait d'aſſez bons potages, & elles en ont plus de ſaveur.
Ce légume aprêté en différons ragoûts avec les viandes, & mê-