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BOURDELLE PAR LUI-MÊME

construction. » Chez son oncle, le tailleur de pierres, il acquiert le respect de la belle matière « qui vous parle quand on la coupe ». À son grand-père tisserand il doit son goût pour la couleur qui se révèlera dans ses pastels, comme dans les nuances de certains bustes, et c’est dans le Quercy, en suivant les troupeaux de chèvres, qu’il sentira avec une profonde émotion la poésie de la nature.

« Le Quercy est le plus beau pays du monde, nous dit-il. J’y allais passer mes vacances, courant après les chèvres, sculptant des bois rustiques et parfois m’amusant à cuire au four, avec le pain, des bonshommes d’argile. Je ne savais pas encore lire que déjà je chantais d’étranges chansons à mes chèvres, flûtais à l’ombre des chênes et racontais aux pâtres, mes amis, des histoires impossibles. »2

De Montauban, sa ville natale, il est resté aussi dans son souvenir une suite de belles images. Avec quelle émotion il nous décrit « ce coin de terre française, aux ombrages pleins de lueurs, cette vieille ville aux constructions couleur d’automne, cette terre empourprée par les vignes, illuminée des feux nocturnes des potiers, toute dorée par son soleil ardent et par ses beaux fruits pleins ! »

La maison paternelle, dite « La Providence », où il passa son enfance heureuse, tient dans sa mémoire fidèle une place d’élection, « grande demeure toute bâtie de terre cuite, briques brutes de construction et briques à ornements ». Elle « élevait en carré ses étages », construite sur une sorte de promon-