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mains dans la glaise humide, les pieds dans la boue, le front dans la brise homicide, le coucher sur un pauvre matelas à même le plancher, enfin le double surmenage des muscles et des nerfs, la maladie, la misère, l’hôpital. »

Ajoutez à tout cela l’injuste persécution dirigée contre son talent. Or tout cela, dit M. de la Sizeranne, « n’est pas tout à fait faux, mais ce n’est pas tout à fait vrai ».

Répondons que dans tout cela, hélas ! il y a plus de vrai que de faux. À l’aide des témoignages que Bourdelle nous fournit sur lui-même, retenons ici de ses premières années, les faits les plus certains, ceux qui éclairent le mieux sa formation artistique.

Bourdelle est né à Montauban en 1861. Fils d’un modeste artisan ébéniste qui lui enseigna d’abord son métier, il se félicitera toute sa vie d’avoir passé par cette rude école, de même qu’il gardera toute sa vie le souvenir de ses premières émotions au contact de la nature, dans le Quercy dont il parcourut les sentiers chevriers.

Mais laissons-lui la parole. Rien de plus émouvant que les confessions de Bourdelle, qu’elles nous entretiennent de sa vie ou de son art. Encore éparses malheureusement dans de nombreuses revues ou dans ses manuscrits, espérons qu’un jour prochain un choix pourra en être publié. Quel magnifique enseignement elles nous apporteront ! La langue dans laquelle s’exprime Bourdelle est aussi émou-