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d’établir la vérité à cet égard dans un article de la Revue des Deux Mondes[1].

Quel genre d’homme était-ce se demande-t-il, quelles ont été ses origines ?

« Les initiés parlaient encore de Bourdelle en 1909, quand il exposa au Salon cet Héraclès archer qui fit scandale, comme d’un aegypan qui avait bondi de sa forêt natale pour peupler Paris d’êtres primitifs dignes des frontons grecs ou des porches gothiques, un autodidacte que les écoles et les académies n’avaient pas entamé, mauvais élève partout, sautant à pieds joints par-dessus les concours, les conventions, les canons esthétiques, un poète ivre d’effluves telluriques, d’odeurs végétales, de brises capiteuses, de sensations tactiles, de tempête et de soleil. Son origine ? Des chevriers de la montagne pyrénéenne vêtus du poil de leurs bêtes. Son école ? Les pierres des Causses brûlées par le soleil. Sa vocation ? L’irrésistible voix qui appelle le petit David au milieu de son troupeau, tandis qu’il s’essaie à tailler un bout de bois à la ressemblance de ses bêtes. Sa vie enfin ? Le martyre classique du statuaire, le travail sous les appentis gelés, parmi les blocs hostiles, les

  1. 1er  mars 1931.

    Pour ne pas alourdir chaque page, les références aux articles publiés sur Bourdelle, comme celles qui renvoient à ses manuscrits seront rassemblées, numérotées, à la fin de chaque chapitre.

    Les autres notes indiquées par des lettres de l’alphabet, a, b, c, etc., seront seules imprimées au cours des chapitres.