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leurs cloaques par le désarroi du mâle et la décadence de sa vertu.

Or ces étapes, chevalerie ingénue, justification facile de la chute, révolte de la dignité virile contre la bassesse des passions, retour enfin du mâle vaincu et honteux au joug de la femelle, ces étapes parcourues par la vie du siècle sont celles-là même que connaît la genèse intellectuelle de l’homme. L’adolescent de la quinzième année offre bien cette croyance à la loyauté, à la droiture infrangibles ; bruyamment il la manifeste, furieux au sourire sceptique des vieillards. A la première faute il s’excuse, farde le dégoût, se joue à lui-même l’hypocrisie ; puis la révolte de son être de conscience l’arrache aux hontes, pour un temps. Fatalement les embûches de la vie la désuétude des plaisirs, le doute d’atteindre les buts ramène aux extases douloureuses des sexes l’ascète d’un moment. C’est l’heure triste de l’existence, l’heure de la résignation à l’opprobre, c’est l’heure où gémit maintenant le Siècle.

Car il a vécu toute la passion d’un homme ; et synthétisé dans ses littératures la jeunesse de la race.

A ce point d’arrêt, à la minute où l’Amant secoue encore une fois la honte au seuil abandonné de la maîtresse dernière, il regarde le Soleil de l’Avenir. S’il n’a épuisé totalement sa vigueur dans la vanité des querelles et des étreintes.

De sa méditation féconde naît instantanément la lumière qui conduira le voyageur par des sentes fleuries d’efforts efficaces. Son sang neuf chante à ses artères, il écoute ses pensées lui bruire. Le voici libre, en plein jeu de ses forces