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les Guizot, les Thiers, les Girardin. On eut le parapluie chevaleresque l’admiration de l’antique grec et des Vaudois, la croyance à la Liberté, et l’horreur de l’Inquisition.

Des bouleversements politiques secouèrent les bonnets à poils des gardes nationaux, l’Empire survint avec le débraillage d’une grossière Renaissance. Les prophètes du Mal surgirent : Octave Feuillet, Georges Sand, Musset, d’autres qui arborèrent une immoralité inouïe, déifiant l’Adultère et le Péché fardant l’Ordure de sentimentalisme, parfumant la puanteur de la Chair, et la suée des accouplements. Ni dogme, ni compréhension des Forces et des Causes en cette littérature misérable et vide où s’assimila l’impureté des femmes qu’exploite encore l’ignominie des Ohnet. Elle fut l’excuse de bien des hontes, le motif de bien des indulgences coupables. Elle a fait la corruption de nos vingt ans.

Dégoûtés de ces turpitudes, rendus plus réfléchis par la défaite, les hommes de la troisième République, jansénistes austères, dirent la morale naturaliste, prêchèrent en leurs livres saints la hideur du vice, étalèrent les abjections et les chancres, hurlèrent leurs forts cris de douleur et d’effroi devant la pourriture humaine, et le ridicule des oripeaux à ses plaies.

Le pessimisme résulta : art de faibles, sans vigueur pour s’indigner, sans ardeur pour combattre, propre aux larmes seules, aux larmes infantiles sur l’ondoyance de l’amante ni matée ni abandonnée, où il revient lamentable et vil. Art sénil, dont s’éprirent encore les femelles louangées en